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Le déprime du voisin

crédit image © freepik

A chaque édition, nous mettons en avant sur notre site un membre du podium des Pluméades, notre concours mensuel de nouvelles. Une consigne et un mois ; voici ce dont disposent nos candidats pour écrire LA nouvelle qui va taper dans l’œil de notre jury.

édition de mars-avril

Aujourd’hui, nous vous faisons découvrir la déprime du voisin, écrite par Nayla !

Plumes, lac et affiche

L'enjeu pour cette fois était de placer ces 3 mots au fil de la rédaction.

présentation

Nayla

Auteur de la nouvelle

Je suis une écrivaine décomplexée qui essaie de propager des valeurs positives et humanistes avec des textes sans doute trop naïfs. J’aime bien taper sur les préjugés, mais ils ont la peau dure.

Quand avez-vous saisi un courant d’air chaud pour vous élever haut dans le ciel et regarder plus loin que le bout de vos chaussures ?
- Nayla, la déprime du voisin

« Sur le chemin que je prends pour balader le chien, il y a plein d’oiseaux stylés : des hérons, des aigrettes, des cormorans, des cigognes, des alouettes, des buses. Je me demande souvent qu’est-ce qu’il se passe dans leur tête, là-haut. Et quand ma chienne va se baigner dans le canal, elle fait fuir les ragondins qui font plouf, et parfois elle ramène une bouteille en plastique… »

la déprime du voisin

Je suis un cormoran plutôt classique. La majorité d’entre vous me confondent avec un canard. Vous n’y connaissez généralement pas grand chose à nous autres qui vivons entre ciel et eau. Je ne comprends pas le but de votre existence à vrai dire. Vous vous agitez sans cesse, vous avez l’air chaque jour d’une humeur différente.

Bien sûr vous êtes surtout les plus sales. Je vous vois jeter des bouteilles ou des canettes. Des petits mégots qui empoisonnent le bec. Dans les eaux du canal, vos déchets s’accumulent jusqu’au lac où j’aime pourtant nicher.

Vous êtes mon Enfer, pourtant j’ai encore toutes mes plumes. Je vous hais indifféremment, je vous méprise.

C’est sans doute ce sentiment qui me tient depuis déjà trop longtemps qui m’a incité à apprendre. Ce fut un long parcours, mais aujourd’hui je peux communiquer avec vous, j’ai pu écrire ces mots pour vous expliquer votre indécence.

J’en suis fier voyez-vous, car j’ai maîtrisé votre langage, celui-là-même qui vous rend soi-disant supérieurs à nous. Je ne crois pas à la supériorité. Je pense qu’il n’y a que la médiocrité, il n’y a que votre immondice.

J’espère que l’emploi de ces mots de choix venant d’un humble cormoran vous raviront au moins un peu.

De mon côté, je me suis égayé. Je m’exprime enfin. J’ai envie de vous apprendre à vivre correctement, à regarder les roseaux, à saluer les ragondins, à humer les arbres bourgeonnant.

Je vous ai bien observé et je crois que vous ne rêvez tout simplement pas assez. Quand avez-vous saisi un courant d’air chaud pour vous élever haut dans le ciel et regarder plus loin que le bout de vos chaussures ?

Chers ennemis de toujours, je vous souhaite un peu plus de poésie.

J’espère que vous n’arracherez pas mon affiche trop vite, car je souhaite que vous soyez nombreux à me lire.

Vous noterez que j’ai up-cyclé, comme vous dites, en utilisant l’envers de papier déjà utilisé. J’ai trouvé ce gros tas de feuilles dans un fossé. C’était marqué “Manuscrit” sur la première page, j’ai pensé que ça n’était rien d’important.

Cordialement,

Votre voisin.

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