rencontre
Rencontre avec le Héron d'Argent et J. Robin
Entretien réalisé le 15.02.2025
le héron d'argent
Notre ligne éditoriale, c’est vraiment au maximum pour le lectorat adulte.
On peut accepter des livres de Young adult, mais on essaye surtout de faire un adulte parce qu’il n’y a, à l’heure actuelle, pas énormément de maisons qui proposent de l’imaginaire pour adultes, notamment francophone.
Malheureusement on ne prend pas de science-fiction. On a déjà essayé ; notre public n’y accroche pas vraiment avec ça.
On prend de la dystopie éventuellement. Parfois, ça peut passer, mais si c’est vraiment ancré dans un contexte trop science-fiction, ça ne fonctionne pas.
Sinon on va surtout sur la fantasy, le fantastique. On va effectivement demander d’être dans un milieu plutôt imaginaire ; nos lecteurs sont habitués à ce genre de choses. On va également demander à ce que les éléments imaginaires arrivent assez tôt. On a malheureusement dû refuser des manuscrits parce que les éléments imaginaires n’apparaissaient pas assez tôt, qu’il n’y avait pas assez de tension.
On accepte également les thrillers et les polars. Si c’est avec de l’imaginaire, c’est encore mieux.
Ça nous arrive d’avoir du fantastique aussi. Par exemple, on a « Les fantômes du manoir Janghwa », qui est très ancré dans le contexte actuel de la Corée du Sud, mais on est quand même dans du fantastique à la Maupassant.
Tout ce qui ne correspond pas déjà à ce qu’on demande. Si vous proposez de la poésie ou une histoire d’amour contemporaine, je vais vous dire non. Également, faire attention à soigner son dossier. C’est déjà arrivé que le mail soit adressé à une autre maison d’édition. Malheureusement, ça ne fait pas très attentif et ça ne fait pas une très bonne impression dès le départ.
Tout ce qui est trop jeunesse, la littérature adolescente, ce n’est pas la peine d’essayer chez nous. Notamment quand on voit que la protagoniste à 12-13 ans et que le lectorat cible est un lectorat adolescent, malheureusement, ça ne passe pas chez nous. Les maisons d’édition ont chacune leur public et parfois, le public n’apprécie pas certaines choses. Par exemple, on a essayé la SF, mais ça ne prend pas, ça ne marche pas du tout. Donc on ne les prend pas. De plus, pour l’auteur, ça n’a rien de drôle de se faire éditer dans une maison d’édition, de toucher son rêve du doigt, tout ça pour que le livre ne décolle jamais et que ce soit difficile de reprendre ses droits et de se faire éditer ailleurs. Parfois, il vaut mieux avoir un refus d’une maison d’édition qui sait qu’elle ne pourra pas défendre au mieux votre livre parce qu’elle n’a pas le public pour ça, plutôt que d’essayer absolument.
Ce qui peut être rédhibitoire aussi, ce sont les gens qui forcent. Ne forcez jamais un éditeur. J’ai l’impression de dire une évidence, mais cette semaine, pas moins de trois fois, j’ai eu le cas de quelqu’un qui disait : « Non, vous êtes sûrs ? Vous passez à côté de quelque chose ». Mais on connait notre public, on connait notre métier. Beaucoup de gens disent que les éditeurs qui ont refusé de grands auteurs doivent s’en mordre les doigts, mais rien ne prouve que le livre aurait été un bestseller chez un autre éditeur. Et l’édition, c’est une question d’alignement de planètes. Il faut le bon éditeur, le bon moment, le bon thème, le bon style, le bon livre, le bon public. C’est tout un ensemble de choses ; c’est très compliqué d’avoir un tel alignement, mais c’est ça qu’il faut. C’est pour ça que quand un éditeur refuse, ne désespérez pas tout de suite. Quand on a ce genre de cas, qui se présente, on dit « on est désolé, on sait que votre livre a du potentiel, mais on n’est pas l’éditeur pour le défendre ». Et dans ces cas-là, dites-vous que votre livre a ses chances, mais ailleurs ou plus tard. Ce n’est pas évident, mais c’est parfois nécessaire
Mettez-y vraiment du cœur. Les projets qu’on édite actuellement et qui ont passé le comité lecture, qui ont passé la directrice éditoriale, et qui ont passé ma prépa de copie sans trop suer, ce sont vraiment les projets qui ont du cœur. Je vois souvent passer ce conseil et il est très vrai : écrivez le livre que vous adoreriez écrire. Parce que vous allez devoir le relire un nombre incalculable de fois.
Moi, j’aime beaucoup, dans les dossiers d’édition que je reçois, lire les notes d’intention parce qu’il a parfois de très belles choses qui ressortent.
Et quand on voit un projet qui a vraiment été écrit avec le cœur, où on sent que ça vient vraiment d’une volonté profonde de faire quelque chose, tout de suite, ça touche et ça donne vraiment envie de suivre l’auteur et de vouloir éditer son projet. C’est très agréable parce qu’on sent qui est disposé à travailler, qu’il va être dynamique, qu’il va se défoncer pour parler de son roman dans des événements. On a eu des auteurs qui étaient très timides et qui se sont révélés parce que dès lors qu’ils parlent de leur roman, ils ont des étoiles dans les yeux. Et ça, c’est vraiment très beau.
J. Robin
Le boulot d’illustrateur, c’est du dessin. Donc c’est celui qui va illustrer, même si c’est du dessin numérique. Le graphiste peut faire des couvertures, mais plus du photo-montage, via Photoshop, par exemple. Le maquettiste, c’est celui qui va mettre en page le roman. L’éditeur va lui envoyer le texte sous Word. On ne met pas un texte en page sous Word. Pour mettre en page un roman, il existe un logiciel de mise en page appelé InDesign. Word est un logiciel de traitement de texte ; il ne met pas en page. Donc on prend le texte sous Word et on va le mettre en page sur InDesign pour l’exporter correctement, intégrer les images et sortir le fichier prêt pour l’impression. Le maquettiste s’occupe de l’aspect intérieur, mais aussi extérieur. Il récupère la couverture et se charge de la mettre en page, le titre, la bonne taille de dos, le résumé de quatrième de couverture, et, dans le cas du Héron d’Argent, la dorure, le vernis sélectif.
Si vous n’avez pas l’habitude de faire des commentaires de bêta-lecture, lisez des commentaires des gens qui ont l’habitude d’en faire, pour voir comment ils font, ce qu’ils relèvent. Parce que si vous n’avez jamais bêtalu, vous ne pouvez pas être au courant d’un certain nombre de choses, donc c’est bien de lire des commentaires.
N’ayez pas peur de dire les choses, mais rester objectif. Faites attention à vos gouts personnels ; ce n’est pas parce que vous n’aimez pas quelque chose que ça ne peut pas fonctionner ou que ce n’est pas bien.
Et toujours, enrober les choses. C’est-à-dire qu’on n’est pas là pour clasher.
Le but, ce n’est pas d’assassiner les auteurs pour se faire mousser ; il a toujours une manière de dire des choses. Il faut prendre en compte qu’en face de vous, vous avez des personnes sensibles, qui sont parfois très attachées émotionnellement à leur texte.
C’est bien aussi d’aller papoter avec l’auteur, pour vous renseigner sur la personne qui est en face de vous. Si j’ai quelqu’un de mature, qui a écrit plusieurs romans, qu’il a trente ans, que ça fait des années qu’il écrit et bêta-lit, et qu’il est persuadé d’avoir écrit un bestseller, je vais être moins tendre qu’avec un petit qui arrive, qui est tout timide et qui n’a jamais même fait relire son texte à ses parents. Il y a aussi un âge où on est plus sensible et où un avis mal maitrisé peut être destructeur, et briser une carrière. On a tous commencé en bas et on n’a jamais fini de progresser.

Les Éditions le Héron d’Argent défendent une littérature exigeante d’écrivains et d’artistes proches de leur public et passionnés par leur Art.

le héron d’argent | mars 2025 | 26.50€

Autrice à ses heures perdues.
Speedrunneuse de plumes.
Répond premier degré au second degré (c'est drôle).
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