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Pourquoi terminer son premier jet ?

travail de l'auteur

Dans cet article, j’ai envie de vous convaincre que vous devez terminer l’histoire que vous avez commencé. Je ne vais pas vous dire ce que doit contenir ou non votre fin, je vais vous dire pourquoi vous devez l’atteindre. Si vous lisez cet article, c’est probablement parce que vous avez commencé à écrire une histoire, que vous avez cru en elle, qu’elle était importante pour vous, et qu’arrivé à un point, vous avez cessé d’écrire. C’est normal. C’est probablement la némésis des écrivains et écrivaines amateurs, le grand frère de la page blanche. Je n’ai moi-même terminé qu’un petit roman. Ce n’est donc pas exactement mes conseils que je vais vous partager mais ceux de deux écrivains connus, Bernard Werber et Neil Gaiman, qui ont réussi à aller jusqu’au bout, plusieurs fois, et qui veulent aussi vous encourager à le faire. Si vous souhaitez apprendre, si vous souhaitez écrire quelque chose qui vous touche, et si vous souhaitez publier, ces conseils me paraissent précieux.

sommaire

Pour Bernard Werber, on écrit parce qu’on souhaite parler de soi. Mais puisqu’on souhaite parler de soi, on a peur d’être mauvais; et on a honte de notre manuscrit. On aimerait écrire pour être lu, pour être accepté, valorisé, donc on pense aux autres, à ceux qui vont peut-être dépenser de l’argent pour nous lire un jour, voire pire, ceux qui vont juger ce que l’on a écrit. On veut leur plaire.

Pour l’auteur, c’est là la première erreur de l’écrivain amateur. Arrivé à mi-chemin, c’est la peur de ne pas être assez bon qui nous paralyse, ce sont les yeux du profs de français qui retiennent notre main, c’est peut-être aussi le regard de nos amis, de nos parents ou d’une personne proche que nous ressentons dans un coin de notre esprit et qui nous bloque.

La première étape, pour se défaire de cette paralysie, est de se convaincre que nous écrivons pour nous-même et par plaisir. On veut parler de nous, c’était ça l’impulsion d’origine, alors il faut y aller, il faut s’engouffrer dans notre âme, creuser, creuser aussi profondément qu’on le peut pour exprimer ce qu’il y a en nous et qui doit sortir. 

Et ce sera mauvais. Ce sera ni publiable, ni agréable à lire. Ce n’est pas grave. Il faut continuer. Ce n’est que le premier jet. Personne d’autre que nous n’a besoin de lire notre premier jet. On l’améliorera plus tard. La seule chose qui compte, à cette étape, c’est qu’il soit le plus authentique possible, qu’il soit “nous”.

Cette peur que nous avons d’écrire, c’est peut-être précisément le reflet intime de ce qui pourrait être notre force. C’est peut-être exactement ce qu’il faut oser dévoiler pour toucher un public.

L’autre élément indispensable au processus d’écriture, selon Werber, est le plaisir. Il ne le formule pas ainsi mais on peut prendre un plaisir intime et personnel dans l’écriture, on peut prendre cela comme de la masturbation s’il le faut. Ayons honte de ce que nous écrivons. Nous avons peur du jugement ? On ne souhaite pas se masturber en public ? Alors faisons-le en privé, mais faisons tout ce que nous pouvons pour que ce soit un moment agréable, un moment de pur plaisir. Encore une fois, ce n’est qu’un premier jet. Nous le rendrons publiable après.

Pour Werber, si nous sortons ce qu’il y avait de plus intime en nous et qui devait sortir, nous évitons 20 ans de thérapie. Mais il faut atteindre cette honnêteté profonde.

Neil Gaiman, comme Werber, partage l’idée qu’il faut être honnête. Pour lui, écrire un livre, c’est oser marcher nu dans une rue. C’est oser dévoiler une part de nous que nous n’aimerions peut-être pas dévoiler.

Il y a deux conseils d’écriture qui sont primordiaux pour Neil Gaiman, et qui, selon son expérience, ne sont presque jamais respectés. Premièrement, il faut écrire. Deuxièmement, il faut terminer ce qu’on écrit.

On peut réparer un dialogue bancal, on peut remettre de la tension dans une scène molle mais on ne peut pas réparer une page blanche. Il faut écrire.

Trop d’écrivains et d’écrivaines débutant-es se perdent dans les premiers chapitres, à réécrire encore et encore les mêmes scènes à la recherche de la perfection; ou ils commencent et recommencent des histoires différentes, cherchant sans cesse celle qui les emmènera magiquement jusqu’au bout, sans jamais en terminer aucune. Sauf qu’on ne peut rien publier si on ne termine rien. Il faut terminer ce qu’on écrit.

Il faut parfois se laisser aller. Avoir confiance en soi, en son histoire, et se donner le temps d’aller jusqu’au bout. Selon Gaiman, ll y a des jours où les mots jailliront de notre esprit d’eux-mêmes, où chaque phrase chantera et où nous aurons l’impression que l’histoire s’écrit toute seule; et des jours où chaque mot sera comme une brique à poser péniblement sur un mur interminable. Il faut accepter que la frustration fasse partie du processus. C’est parfois difficile, fastidieux. Ce n’est pas grave. C’est normal. Il suffit juste de continuer. Continuer et ne pas s’arrêter. Gaiman dit que le processus d’écriture, c’est le Coyote du dessin animé qui court le long d’une falaise puis qui continue à courir dans le vide. Il va bien tant qu’il ne regarde pas en bas. Le processus d’écriture, c’est cela, il faut courir, continuer, et ne pas regarder en bas, sinon on réalise qu’il n’y a rien qui nous soutient et on tombe.

Lorsque Neil raconte comment il est devenu écrivain, il parle du temps où il écrivait de petites histoires sans queue ni tête qui ne donnaient pas grand-chose et qu’il n’arrivait pas à finir. Elles s’essouflaient toujours. Et selon lui, lorsqu’il s’est mit à les terminer, sa progression est devenue “quantum” (c’est un mot que son ami Terry Pratchett adorait utiliser apparemment). C’est à partir de ce moment qu’on peut comprendre ce qu’on a fait, et qu’on peut réellement améliorer le récit. Selon lui, on apprend davantage en finissant une erreur qu’en écrivant un succès; et on apprend définitivement davantage en finissant une erreur qu’en commençant une chose merveilleuse mais qui s’arrête. 

Alors terminez vos histoires. Ne commencez peut-être pas par l’ambition de terminer une saga en 7 volumes, beaucoup d’auteurs vous conseilleraient plutôt de commencer par des petites histoires qu’on peut terminer en un week-end ou une semaine, mais allez jusqu’au bout.

Vous avez cette histoire en vous, quelque part, vous avez commencé à l’écrire pour une raison, vous aviez quelque chose à raconter, alors ne vous trahissez pas. Soyez honnêtes avec vous-mêmes, et allez jusqu’au bout. Sortez ce qui doit sortir, et n’ayez pas peur qu’elle soit trop sombre, vous la ferez briller plus tard.

S’il y a quelque chose qui vous a touché dans cet article, je ne peux que vous encourager à approfondir les sources que j’ai utilisé (répertoriées si dessous).

Je pense que c'est important pour rendre honneur à ses personnages qui se sont battus pour exister. Honorer leur combat.

- Parabellum

Il est important de ne pas abandonner son premier jet parce qu'en tant qu'écrivain, notre histoire est comme notre bébé. On lui donne vie en inventant des personnages, leurs objectifs, leur but de vie, on vit avec chaque jour et on la crée grâce à notre imagination. L'abandonner, c'est comme si on abandonnait une partie de soi, notre enfant, et même si nous sommes en manque de motivation, il faut toujours se souvenir pourquoi on l'a créé. C'est pour cela que j'utilise la métaphore de l'enfant. Le premier jet est le nourrisson encore imparfait, avec beaucoup de reformulations, de passages à revoir. Et ce nourrisson grandit avec les corrections, les relectures, et devient plus fort. On sait que c'est douloureux de le laisser grandir, de devoir enlever ou modifier des passages, des personnages. Mais terminer son premier jet, c'est pouvoir le rendre meilleur par la suite.

- Prima

Le premier jet n’est qu’une étape dans la construction d’un roman. Pour ma part, je suis dans les 30 % du boulot accompli quand je l’achève. Mais impossible de faire exister notre roman sans passer par cette étape. Le premier jet est le moment qui permet de percevoir les reliefs de notre histoire, de faire connaissance avec nos personnages, le moment où on peut se laisser pleinement aller, se faire plaisir. 

- Akilali

En plus de l’expérience d’écriture, le premier jet est un plongeon au cœur du récit. Une découverte du potentiel de l’histoire, où, pour la première fois, chaque scène se réfléchit dans le moindre détail.

- Anek

L'écriture est le moment où je "fixe" les choses : tant que l'histoire est en développement dans ma tête, elle est protéiforme, changeante : elle peut aller dans de multiples directions. En écrivant ce premier jet, je la force à rentrer dans un moule et à suivre une direction. Finir ce premier jet, c'est me prouver à moi même que malgré mes doutes et de longues pauses , j'ai été capable de terminer un manuscrit, en acceptant de "jeter" tout ce que j'avais écrit précédemment et qui n'était pas au niveau attendu. Au final, ce qui m'a fait tenir, c'est que je voyais les progrès dans mon écriture et ma gestion des intrigues. C'est aussi la possibilité de faire ce que je n'ai jamais fait avant : me confronter à la critique, l'envoyer à des ME, accepter les retours de lecteurs : la télépathie n'existe pas encore. Si on n'écrit pas nos histoires, si on ne les sort pas de notre imagination pour les confronter au monde, alors elles disparaitront.

- S.D. GHOST

Pour se prouver qu’on est capable de terminer quelque chose d’ambitieux et d’aller au bout de soi-même, d’autant plus si, comme dans mon cas, on est d’un naturel à entreprendre plein de choses avec beaucoup d’entrain et s’en lasser assez vite. Les gens qui ont une âme d’artiste sont légion, mais les artistes sont bel et bien ceux qui parviennent à délivrer des œuvres finies, et eux sont bien moins nombreux. Même quand on n’a pas envie, on en fait un peu tous les jours, et on garde le cap. Visualiser son objectif et le garder en permanence à l’esprit est une nécessité pour passer la ligne d’arrivée. Le point commun entre l’écrasante majorité des auteurs est qu’ils ont envie de raconter de magnifiques histoires aux autres. Vous ne raconterez rien si vous n’êtes pas capable de terminer.

- Azha

A retenir !

Ne laissez pas la peur d'être mauvais vous arrêter
Cherchez le plaisir dans le processus d'écriture
Acceptez les moments de frustration
Apprenez de vos premiers jets ratés mais terminés

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