Avant de poursuivre ce document, je trouvais intéressant de lui donner un peu de contexte. Il s’agit à l’origine d’une fiche de notes personnelle. En effet, pour parfaire ma réécriture, j’ai écumé tous les conseils que j’ai pu trouver pour améliorer ma plume et j’y ai ajouté mes propres observations. Suite à un partage sur le serveur Discord de Pluméa, il s’est avéré pertinent de retravailler ce document et d’en faire une ressource pour tous. Ce document a donc été remis au propre pour votre plus grand plaisir ! Pour conclure, j’aimerais souligner que ce sont des conseils et non des règles implacables. Ne prenez pas cette fiche au pied de la lettre. Ce n’est ni une recette magique ni une série de règles.
- Soufflez
Surtout si vous venez à peine de finir votre premier jet à l’instant. Lors d’une réécriture, il faut prendre de la distance avec son œuvre. Changez-vous les idées, laissez passer un petit laps de temps et revenez avec un regard neuf. Si vous avez besoin d’une durée précise, prenez 2 semaines puis revenez et lisez votre livre sans rien changer, comme si vous l’aviez acheté en librairie.
2. Relisez-vous à voix haute
C’est le meilleur moyen de savoir comment sonne votre phrase, vérifier que vos dialogues sont naturels et vous rendre compte du rythme de vos mots.
3. Attention aux verbes faibles : être, avoir, faire, sembler, paraître…
Evitez d’abuser des verbes être, avoir, faire, dire… car ce sont des verbes trop utilisés et, par nature, ils donnent l’impression d’un vocabulaire pauvre. De ce fait, les phrases qui les emploient semblent souvent interchangeables avec d’autres livres. Éviter ces verbes pousse à créer de meilleures phrases. Pour cela, il faut chercher des verbes plus précis ou faire comprendre sa phrase autrement.
Le vigile regarde l’entrée. => Le vigile surveille l’entrée.
Il est effrayé. => Son regard s’affole. Ses mains tremblent et de la sueur perle sur son front.
(Au lieu de dire simplement qu’il est effrayé, on matérialise cette peur via ce qu’elle provoque. On crée des images).
Il fait une échelle avec des branches. => Il bricole une échelle avec des branches.
Il dit : « Non, c’est hors de question ! ». => Il rétorque : « Non, c’est hors de question ! ».
4. Attention aux verbes-écrans
Voir, entendre, sentir… Ils ajoutent un filtre et éloignent de l’action, parfois inutilement. Si une personne arrive, on se doute que le personnage principal le voit. Si une musique résonne, pareil.
Mike voit Michel rentrer dans la pièce. => Michel rentre dans la pièce.
J’entends une mélodie dans la maison. => Une mélodie résonne dans la maison.
5. Evitez de créer des non-sens
Notamment dans le choix de verbes plus « élaborés » ou de figures de style « originales ». Il vaut mieux parfois expliquer les choses de façon simple. Une utilisation abusive et non attentive des synonymes peut vite tordre le sens des mots, tout comme certaines figures de style sont parfois trop compliquées pour pas grand-chose.
6. Attention aux mots « presque », « quelques », « un peu », « certains », « très »
Ils empêchent souvent d’être précis dans le choix des mots (surtout des verbes).
Or, c’est cette précision qui va permettre de transmettre une idée avec plus de force et de clarté grâce à des phrases plus courtes. Les mots cités sont des approximations et ils créent une «zone grise», sans parti pris fort et donc sans émotion vraiment marquée. Prenons l’exemple du mot « presque ». On se retrouve souvent avec le paradoxe suivant : si un élément a « presque » eu lieu, alors par définition il n’a pas eu lieu. S’il n’a pas eu lieu, est-ce vraiment pertinent d’en parler ?
Prenons la phrase « Il fait presque beau ». Doit-on déduire du « presque » qu’il ne fait pas beau ? Pourquoi décider qu’il ne fasse pas simplement beau ?
Autrement, si on voulait dire qu’il ne fait pas beau pour sûr, on peut juste dire « Des nuages cachent le soleil. » par exemple.
Certains avaient froid et d’autres non. => Les plus jeunes avaient froid. (Il s’agit d’affiner pourquoi certains ont froid, d’être précis dans l’image qu’on transmet pour dire des choses sur notre histoire.)
7. Attention aux adverbes (surtout ceux en -ment)
Ils ont tendance à alourdir la phrase. Il faut donc les limiter ou les utiliser pour créer un effet volontaire de lourdeur (à bien doser). Généralement on peut supprimer un adverbe en cherchant un verbe plus précis et fort (avec l’idée que l’adverbe transmet).
Il marche rapidement vers => Il se hâte vers, il presse le pas en direction de
Il lui touche doucement la joue => Il lui caresse la joue
8. Évitez les mots de liaison parasites
En effet, ils ne donnent pas forcément plus de fluidité au texte. S’ils peuvent être facilement retirés de la phrase, ils doivent souvent l’être. Attention donc aux « en effet », « cependant », « alors », « voilà », « donc »…
Ils partirent alors vers la montagne, cependant, ils n’avaient pas vu le dragon. => Ils partirent vers la montagne sans avoir vu le dragon.
9. Attention aux phrases à la voix passive
Souvent, on gagne à faire en sorte que sujet de la phrase soit actif, c’est-à-dire qu’il accomplisse l’action. Cela rend cette dernière plus forte et la phrase plus fluide.
Une rue est éclairée par des lampadaires. => Des lampadaires éclairent la rue.
Un arbre est coupé par Michel. => Michel coupe un arbre.
10. Attention aux phrases négatives
C’est une règle moins importante que les autres, mais qu’il est intéressant d’avoir en tête. Si on dit « C’est une pomme », l’image d’une pomme apparaît. Si on dit « Ce n’est pas une pomme », l’image d’une pomme apparaît quand même mais atténuée, car ce n’en est pas vraiment une. Les phrases affirmatives créent donc des images plus fortes.
11. Attention aux propositions subordonnées relatives (propositions introduites par « qui », « que »..)
En terme de rythme, cela crée des coupures qui peuvent alourdir le rythme. Souvent, elles sont présentes à cause d’un verbe relié à un ressenti (je vois/ressens/entends…) ou parce qu’on cherche à combiner plusieurs informations dans une phrase, deux choses à éviter.
Le bandit, qui est en sang, lui tire dessus => En sang, le bandit lui tire dessus.
Je vois que Jean arrive => Jean arrive.
12. Utiliser avec prudence vos différentes appellations
Afin de ne pas lasser le lecteur ou rendre lourd le texte, attention aux noms des personnages : il vaut mieux n’utiliser que 2-3 dénominations alternatives et s’y tenir, au risque sinon de perdre le lecteur. Imaginez une scène avec 4 personnages ayant tous 7 appellations différentes ! Ce problème apparaît souvent à l’échelle d’un livre et non d’une scène. Il faut réussir à préserver une forme de clarté, sans tomber dans la répétition.
13. Variez la longueur des phrases
Évidemment, pour créer du rythme, il faut varier les structures de phrases et éviter les répétitions. Mais leur longueur compte aussi. Que ce soient des phrases longues ou des phrases courtes, les enchaîner sans variations peut créer un air monotone. Bien sûr, en fonction de l’intensité des actions du récit, la longueur des phrases doit suivre une certaine logique : en général, pour les scènes d’actions, on préconise des phrases simples et courtes, tandis que les moments descriptifs nécessitent des phrases complexes et assez longues, mais il ne fait pas pour autant que chaque phase d’action ou de description devienne une succession de phrases à la longueur stéréotypée. En réalité, dans les phases d’action, il s’agit plus d’aller à l’essentiel que de forcément avoir des phrases courtes par exemple !
Il peut aussi être intéressant de faire une relecture en cherchant à accorder la structure des phrases à des émotions précises. Pour plus d’informations, vous pouvez lire cet article qui répertorie les différentes formes de phrases et leur effets.
14. Evitez de combiner trop d’informations dans une seule phrase
Pour une meilleure compréhension, il faut faire attention à ne pas cumuler trop d’informations dans une seule phrase. Il vaut mieux faire plusieurs phrases qu’une seule phrase trop compliquée.
Cependant, il ne faut pas oublier de varier les structures et les longueurs pour autant, comme dit plus haut.
Derrière la maison, une silhouette passe, traverse la route, qui est couverte de fissures, et finit sa course derrière un buisson, derrière lequel coule une tache de sang rougeâtre avec une odeur nauséabonde. => Une silhouette passe derrière la maison. Elle traverse une route couverte de fissures et finit sa course derrière un buisson. Une tache de sang s’en écoule, et une odeur nauséabonde s’en dégage.
15. Evitez d’annoncer une description à venir par un verbe de regard à chaque fois
Cela alourdit le texte en créant une répétition. En plus de rendre la suite de votre histoire prévisible, la structure et les informations données le deviennent aussi.
16. Evitez de ramener les regards et les sourires dans chaque interaction
Pour éviter de lasser le lecteur, il vaut mieux varier la façon dont interagissent les personnages entre eux. Au-delà des regards et des sourires, beaucoup d’éléments peuvent exprimer un changement d’émotion. Essayez donc de vous détacher du visage des personnages pour aller vers leurs gestuelles. Vous pouvez aussi utiliser la façon dont vos personnages interagissent avec leur environnement.
Il plissa les yeux et lui jeta un regard noir. => Il cogna son poing sur la table et se leva sans dire un mot.
Fou de joie, il afficha un grand sourire. => Fou de joie, il ne put se retenir de sauter sur place.
17. Pensez à user de tous les sens de vos personnages
Veillez à ne pas utiliser uniquement l’ouïe et la vue. Attention aussi à ne pas avoir un « effet liste » en utilisant une phrase entièrement dédiée à une sensation précise de façon ponctuelle : il s’agit de varier les références aux différents sens, en gardant à l’esprit qu’il vaut mieux explorer une ou deux sensations précises plutôt que de faire une utilisation vague de cinq sensations distinctes.
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