Que vous vous en rendiez compte ou non, vous utilisez sans doute des figures de style diverses et variées, et vos écrits favoris en regorgent probablement. Afin d’affirmer votre style d’écriture ou mieux comprendre la structure des textes que vous lisez, il peut être fort utile de connaître les figures de style les plus courantes et celles qui le sont un peu moins. Dans cet article, je vous propose de (re)voir certaines des figures de style les plus communes, tandis que les plus farfelues ou complexes seront réservées à un autre article, grâce auquel vous pourrez aisément briller en société, je vous l’assure…
sommaire
Si vous ne vous rappelez plus de ce que vous avez appris à ce sujet lors de vos passionnants cours de français au collège et au lycée, laissez-moi vous remettre au parfum. Les figures de style, aussi appelées figures de rhétorique, sont les procédés par lesquels on peut convaincre, persuader ou séduire sont lectorat ou son auditoire. En effet, la rhétorique touchant essentiellement aux procédés oratoires, les figures de rhétorique sont d’abord à considérer dans le cadre du discours oral. Cependant, le discours écrit étant une transcription plus ou moins proche de l’oral, on y retrouve inévitablement des figures de rhétorique, que l’on peut aussi nommer « figures de style » ou « procédés littéraires », et ce sont ces dernières qui nous intéressent aujourd’hui.
Par principe, les figures de style sont des procédés spécifiques d’expression qui s’écartent de l’usage commun de la langue : c’est ce qui leur permet d’embellir ou de rendre plus vivant un texte ou un oral en employant par exemple des images ou une syntaxe particulière. Leur grande diversité fait qu’il existe des dissensions quant à leur classification, puisqu’il est possible de les classer selon leur nature, c’est-à-dire si elles jouent sur des éléments lexicographiques ou syntaxiques, ou l’effet produit. Dans cet article, elles sont plutôt classées selon ce dernier axe, mais subtilités de définition obligent, il est tout à fait possible que certaines figures de styles puissent appartenir à une autre catégorie que celle dans laquelle elles se trouvent.
- Les figures d'analogie
Une figure d’analogie a pour but d’établir un rapprochement ou un parallèle entre deux éléments concrets et/ou abstraits, et ce de façon plus ou moins implicite. Celui qui fait l’objet de la comparaison, c’est-à-dire qui est réel, est le comparé, tandis que l’autre, qui est une image, est le comparant. En fonction des figures de style auxquelles on s’intéresse, d’autres éléments peuvent intervenir.
- la comparaison
La comparaison permet le rapprochement entre un comparant et un comparé (appartenant souvent à deux champs sémantiques différents) à partir d’une caractéristique qui leur est commune, le tout grâce à un outil (ou terme) de comparaison.
Ici, le comparé, c’est-à-dire l’objet réel, est « la Terre », le terme de comparaison est « comme » et le comparant, c’est-à-dire l’image, est « une orange ».
Parfois, les comparaisons font appel à des stéréotypes (« têtu.e comme un âne », « sale comme un cochon », « mentir comme un arracheur de dents »…), mais elles peuvent tout aussi bien faire appel à des images inattendues, comme dans l’exemple de Paul Eluard.
- la métaphore
La métaphore établit une analogie entre un comparant et un comparé (qui peuvent là encore appartenir à des champs sémantiques différents) sans outil de comparaison. Ainsi, à l’inverse de la comparaison, les deux éléments sont assimilés de façon implicite. Il existe plusieurs types de métaphore, parmi lesquels je ne vais aborder que la métaphore annoncée, la métaphore directe, la métaphore filée et la catachrèse. Bon, j’avoue, cette dernière est là parce que je trouve le nom fort joli et qu’il n’y a pas vraiment consensus sur l’existence des types de métaphore non mentionnés.
La métaphore annoncée, aussi appelée « métaphore explicite » ou « métaphore in praesentia », met en parallèle deux éléments que l’on retrouve dans une même phrase (d’où le in praesentia, qui indique que le comparé et le comparant sont tous deux présents dans la phrase).
Ici, le comparé, c’est-à-dire l’objet réel, est « Cette situation » et le comparant, c’est-à-dire l’image, est « un cauchemar». On voit bien que le comparé et le comparant sont dans la même phrase. La métaphore directe, elle, peut aussi se nommer « métaphore implicite » ou « métaphore in absentia », puisque le comparé n’est pas présent dans la phrase.
Ici, le comparant est « l’or du soir », et le comparé est le soleil couchant, qui n’est donc pas mentionné dans la phrase.
La métaphore filée présente la particularité de s’étendre sur plusieurs phrases, puisqu’elle consiste en une accumulation de métaphores qui vont employer un champ lexical commun associé au comparant (le comparé est susceptible de ne pas apparaître).
Ici, le comparé est un groupe de dunes, que Maupassant associe à des comparants tels que des « vagues immobiles en poussière jaune » ou des « montagnes ».
- la personnification
La personnification consiste à attribuer des comportements ou des propriétés typiques de l’être humain. Lorsqu’elle est à portée allégorique, on parlera directement d’allégorie (j’explique cela juste après). Par principe, la personnification est très souvent anthropomorphique, car elle humanise des créatures ou des objets non-humains. Cependant, il faut faire attention à ne pas tomber dans l’anthropocentrisme non plus : certains exemples utilisés pour illustrer la personnification d’un animal mentionnent des comportements, signifiant par exemple la détresse ou deuil, qui sont pensés à tort comme étant le propre de l’Homme (ceci était un message de prévention de votre amatrice d’éthologie locale).
Le soleil pouvant difficilement attendre quelqu’un ou s’amuser à faire quelque chose, on lui attribue ici ces capacités afin de l’humaniser (ou du moins le rapprocher d’un être vivant).
- l'allégorie
L’allégorie est une forme de personnification particulière qui vise à rendre concret un concept abstrait, en lui prêtant la forme d’un être vivant qui le représente au travers de son apparence, de ses gestes ou de son comportement.
- Les figures de substitution
Les figures de substitution consistent à créer un lien d’équivalence entre deux termes ou expressions en remplaçant ou en supprimant des mots dans la relation logique qui les unit. La plupart d’entre elles sont rentrées dans l’usage, mais elles peuvent aussi être mises à profit de façon inattendue.
- la métonymie
La métonymie consiste à désigner quelque chose par un mot qui signifie autre chose, en s’appuyant sur la relation logique qui unit ces deux éléments. Cette relation logique doit être connue : il s’agit par exemple d’une relation d’appartenance, d’origine, de contiguïté…
Ici, on élimine certains termes dans les formules d’origine « boire un verre contenant de l’eau » et « utiliser le dictionnaire de la maison d’édition Larousse » au profit de termes uniques (« verre » et « Larousse ») qui désignent normalement autre chose mais dont on saisit le sens grâce à la relation logique qui les unissait aux termes de départ. Ainsi, dans la première expression, on se base sur la relation contenant/contenu entre le verre et l’eau, tandis que dans la deuxième, on se base sur la relation maison d’édition/objet entre l’édition Larousse et le dictionnaire qu’elle édite.
- la synecdoque
La synecdoque est une forme particulière de métonymie qui consiste à désigner un être ou un objet par une de ses parties ou sa matière, ce qui les lie par une relation d’inclusion.
La synecdoque désigne le fait de désigner le tout par la partie ou l’objet par la matière.
Dans la citation de Hugo, les « voiles » désignent en réalité les bateaux, tandis que l’expression « croiser le fer » emploie le terme « fer » afin de faire référence aux épées, dont le fer est la matière.
- la périphrase
La périphrase, à l’inverse de la métonymie, désigne le fait de remplacer un terme habituel par sa définition ou par une expression bien plus longue, en adoptant souvent une tournure poétique ou du moins plus alambiquée qui insiste sur une ou plusieurs caractéristique(s) du terme concerné.
Ici, on remplace le mot « France » par des termes qui lui sont associés et qui font ses qualités (bon, je vous l’accorde, ce sont un peu des clichés) afin d’insister sur ces dernières.
- Les figures d'amplification ou d'atténuation
- l'hyperbole
Figure d’exagération par excellence, l’hyperbole se forme lorsque l’on grossit à l’extrême la perception d’une situation, la situation elle-même ou les sentiments qui en découlent. Elle peut aussi servir à exagérer une idée. Le tout a souvent pour but de dramatiser quelque chose ou de faire preuve d’ironie.
Lorsqu’on dit cela, il est évident que la mort ne nous guette point (à moins que…), simplement que la faim est très intense. Dans ce cas là, nous avons souvent l’impression que nous pourrions manger un cheval (ou un arbre entier, à voir)…
- la litote
La litote, elle, est un procédé d’atténuation au travers duquel nous laissons entendre plus qu’on ne dit, ce qui permet d’exprimer nos pensées de façon moins directe sans qu’elles perdent en force, bien au contraire.
Dans cette citation que Chimène adresse à son amoureux Rodrigue, elle atténue son propos pour accentuer la pensée qui se trouve derrière, qui est qu’elle aime toujours Rodrigue.
- l'euphémisme
Au contraire de la litote et, d’une autre manière, de l’hyperbole, l’euphémisme cherche à adoucir une idée ou une réalité souvent tragique au moyen de termes plus doux.
On comprend là que le grand-père est en réalité mort, mais que cette réalité est adoucie au moyen d’une autre formulation.
- Les figures d'insistance
Les figures d’insistance permettent de mettre en valeur des mots ou des expressions choisies afin de les mettre en relief, en révélant par exemple leur caractère ironique, poétique, grave, etc… A l’instar d’autres figures de style comme la personnification, elles sont parfois prises pour des fautes de français, puisqu’elles se basent souvent sur la répétition d’un ou plusieurs termes, ce pourquoi il est important de les connaître pour pouvoir les distinguer aisément d’une véritable erreur.
- le parallélisme
Le parallélisme, parfois allongé en « parallélisme de construction », consiste en la répétition d’une construction syntaxique ou rythmique afin de souligner une similitude ou une opposition entre des termes. Cela résulte en l’apposition d’au moins deux phrases ou propositions de structures identiques.
Dans cette phrase, on remarque l’apposition de deux propositions de structure similaire, puisque les deux sont construites sur le modèle Sujet>Verbe>COD>COI.
- le chiasme
Derrière ce nom que vous trouverez peut-être peu gracieux se trouve une figure dont le principe est d’inverser la disposition de deux expressions ou propositions de structure identique afin de souligner une opposition ou un parallèle existant entre certains de leurs termes. Le chiasme se repérera donc à la présence de deux expressions ou propositions accolées formant une structure de schéma AB/BA.
Ici, « pour père » et « pour mère » forment le groupe A, tandis que « le feu » et « la cendre » forment le groupe B. La structure en chiasme permet de souligner l’opposition des termes « père »/« mère » et « le feu »/ « la cendre »
- l'anaphore
L’anaphore désigne la reprise d’un même mot ou d’une même expression en début de phrase ou de proposition afin d’insister dessus.
- l'accumulation
Comme son nom l’indique, l’accumulation consiste en l’amoncellement de termes d’une même nature syntaxique et généralement du même champ lexical afin de donner une impression de quantité, ce qui permet de préciser une pensée ou donner lieu à un foisonnement de détails par exemple. Lorsque l’on accumule des termes d’intensité croissante ou décroissante, on parle alors de gradation (ascendante dans le premier cas, descendante dans le deuxième).
Dans le premier exemple, on observe la présence d’une simple accumulation, puisqu’il n’y a pas d’effet de grossissement ou de dégrossissement entre les termes. En revanche, dans le deuxième exemple, l’accumulation est une gradation descendante, puisqu’elle emploie des termes d’intensité décroissante.
- Les figures d'opposition
Les figures d’opposition misent sur le fait de rapprocher deux termes ou expressions de sens nettement opposés afin de faire apparaître un paradoxe ou mettre en relief le caractère contradictoire de deux mots, deux idées ou encore deux réalités
- l'antithèse
L’antithèse est un procédé par lequel on oppose deux mots ou expressions de sens contraires dans une même phrase afin d’apporter du contraste.
Ici, Prévert oppose de façon assez évidente les mots « petit » et « grandeur », qui sont de sens contraire.
- l'oxymore
Parfois confondue avec l’antithèse, l’oxymore désigne la juxtaposition de deux mots opposés au sein d’une phrase.
Cette citation est un parfait exemple d’oxymore, puisqu’on y retrouve les termes opposés « obscure » et « clarté » collés l’un à l’autre dans une même phrase.
- le paradoxe
Même s’il n’est pas toujours considéré comme tel, le paradoxe est bel et bien une figure de style qui s’appuie sur des antithèses ou des oxymores particuliers pour formuler une idée contraire à l’opinion commune ou dont la logique est, en apparence, contradictoire. Il se distingue de l’antithèse et de l’oxymore grâce à son caractère encore plus absurde et son utilisation dans le but de faire réfléchir ou de défendre certaines idées.
Dans cet exemple, dont la formulation se veut clairement révoltante, on s’appuie sur le caractère contradictoire de tromper son amant pour son mari : en effet, d’habitude, c’est l’inverse qui se produit.
- l'antiphrase
L’antiphrase consiste à dire le contraire de ce qu’on pense (et veut faire entendre), tout en ne laissant aucun doute sur la pensée en question. Très souvent, l’antiphrase est employée lorsque l’on veut faire preuve d’ironie ou euphémiser un phénomène.
Ici, on sous-entend le contraire de ce qui est dit, c’est-à-dire que la personne à qui l’on dit ça est tout sauf habile. Vous vous en doutez, cette figure de style est plus facile à repérer avec le contexte ou l’intonation, lorsqu’elle est employée en rhétorique.
- Les figures de construction
Les figures de construction regroupent les procédés littéraires qui provoquent une rupture ou un désordre dans la construction syntaxique habituelle des phrases, dans le but de jouer sur le rythme ou de surprendre le lectorat ou l’auditoire.
- l'ellipse
Lorsque l’on parle d’ellipse syntaxique, on parle du fait d’enlever des mots dans une phrase ou une proposition de façon à ce qu’on puisse tout de même les deviner et que le sens général reste le même.
Dans la deuxième proposition, on omet certains mots, puisque la formulation de base aurait dû être « qu’aurais-je fait si tu avais été fidèle ? ».
- l'asyndète
L’asyndète désigne l’absence de mots de liaison comme des conjonctions ou des adverbes entre des expressions, des propositions, voire des phrases entières.
Ici, on remarque qu’il n’y a aucun mot de liaison, les propositions sont toutes juxtaposées à l’aide des virgules ou des points-virgules.
- la polysyndète
Au contraire de l’asyndète, la polysyndète désigne l’emploi presque abusif d’outils de liaison comme des conjonctions ou des adverbes.
Dans cet exemple un peu particulier, on remarque la présence d’une asyndète en début de phrase, jusqu’au moment où la conjonction de coordination « et » est répétée plusieurs fois (à partir de « et cherchèrent » plus précisément).
- Les figures jouant sur les sons
Parmi les figures de style, on en distingue certaines dont le but est de jouer sur les sonorités et plus particulièrement la proximité entre certains sons ou encore les répétitions de ces derniers : ce sont les figures qui jouent sur les sons, vous l’aurez deviné.
- l'assonance
L’assonance désigne le fait de répéter un ou plusieurs sons formés par des voyelles, et ce aussi bien en l’espace de quelques mots que de plusieurs phrase.
- l'allitération
L’allitération, elle, désigne le fait de répéter un ou plusieurs sons formés par des consonnes, là encore en l’espace de quelques mots ou de plusieurs phrases.
- la paronomase
La paronomase désigne le fait d’employer au moins deux termes de sens différents mais de prononciation similaire dans une même phrase ou proposition afin de produire une sorte de répétition basée sur les sons.
- Les figures jouant sur le discours
Les figures jouant sur le discours, à savoir les fameuses figures de rhétorique mentionnées au début, font appel à des formes particulières de discours afin de piquer l’intérêt de leur auditoire, l’interpeller ou encore lui faire ressentir des émotions diverses, en fonction des procédés employés (qui peuvent très bien être d’autres figures de style).
- La prétérition
La prétérition est le fait de dire que l’on ne va pas parler de quelque chose, pour le faire quand même en fin de compte.
Ici, Monsieur de La Rochefoucauld est mentionné explicitement, alors que le locuteur déclare ne pas vouloir le faire juste après.
- La question rhétorique
Lorsqu’on pose une question rhétorique, que l’on peut aussi appeler « question oratoire », on émet une interrogation à laquelle on n’attend pas de réponse afin de susciter l’intérêt des gens qui nous écoutent ou confondre notre adversaire, dans le cadre d’un débat.
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