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Les différentes formes d’organisation du pouvoir politique

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S’adonner à la construction d’une organisation politique cohérente peut paraître au premier plan chose aisée. Il suffirait de placer un roi omnipotent au sommet du ou des royaumes de votre univers, et puis l’affaire est réglée : sauf que non, en fonction de votre histoire et de vos espérances, ceci ne peut toujours marcher. Dans cet article, il est donc question de vous révéler la vraie complexité de l’organisation politique d’une société.

Attention : aujourd’hui, le sujet de la forme de régime politique que prend un pays est sujet à de multiples interprétations subjectives. Certains exemples comme ceux des régimes autocrates (voir seconde partie) ne seront pas tirés de cas actuels, mais plutôt historiques, afin d’éviter toute confusion.

sommaire

La notion de régime politique est si vaste qu’il serait très long (et indigeste) de présenter de manière exhaustive toutes les façons dont le pouvoir s’organise ou s’est organisé à travers le monde. Le site gouvernemental français vie-publique explique que la notion de régime politique “désigne le mode d’organisation des pouvoirs publics : mode de désignation, compétences, définition des rapports entre les différents pouvoirs.”

Ainsi, la définition citée montre à quel point le terme englobe une multitude de caractéristiques qui composent l’organisation d’une société, dont trois aspects qui nous intéressent : comment l’État est-il structuré ? Qui est à sa tête ? Comment est-il désigné et combien de personnes ont la capacité de le faire ? Ont-elles un rôle particulier ou sont-elles de simples citoyens ?

La structuration des États

L’État unitaire : l’État unitaire est la forme majoritaire des pays, dont la France. Ces derniers possèdent un gouvernement central qui gère l’entièreté du territoire, et les divisions administratives des territoires (par exemple, les régions, les départements et les communes) ne possèdent des compétences (gestion des transports, des établissements scolaires…) que parce que l’Etat a décidé de leur en attribuer certaines.

L’État fédéral : un État fédéral possède également un gouvernement central. Cependant, il partage la gestion des territoires à des gouvernements régionaux qui possèdent selon les pays un certain degré d’autonomie qui ne peut être remis en cause, car en principe la constitution du pays l’interdit. Ainsi, les régions se nomment États fédérés.
Par exemple, les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne ou le Mexique sont des États fédéraux.

Confédération : la notion n’est pas à confondre avec celle d’État fédéral. Une confédération est en fait une union de plusieurs Etats souverains dans le but de réaliser des objectifs communs. Pour se faire, ils décident de créer une organisation politique qui englobe les États membres. L’union prend ainsi plus ou moins d’importance en fonction des compétences déléguées à cette entité supranationale. La référence en la matière est l’Union européenne. Bien qu’elle ne soit pas formellement un État, elle est considérée de facto comme une confédération, notamment par sa culture politique (Parlement européen, hymne, drapeau), économique (monnaie commune, marché intérieur) et territoriale (frontières extérieures communes, déplacements garantis dans une grande partie de l’union, forte connexion des réseaux de transports entre les pays membres).

La désignation héréditaire ou non du chef de l’État

Monarchie héréditaire : les fonctions de chef d’État se transmettent au sein de la famille royale. Lors du décès ou l’abdication de l’ancien.ne roi/reine, le pouvoir est attribué selon les règles établies (l’aîné.e prend la succession, ou bien comme cela a souvent été le cas dans l’histoire, c’est le premier garçon de la lignée qui est désigné).
Aujourd’hui, le Maroc, l’Arabie Saoudite transmettent le pouvoir de cette manière, en sachant que le souverain exerce un rôle politique et militaire important dans la société. D’autres pays comme le Royaume-Uni ou le Japon ont effectivement un mode de transmission héréditaire pour le chef de l’Etat, mais ces derniers n’occupent qu’un rôle symbolique, leur pouvoir ayant progressivement régressé au cours du XXe siècle.

République : Simple, clair et net, la République est par définition un régime dans lequel le chef d’État ne se voit pas attribuer le pouvoir de façon héréditaire (sauf quelques rares exceptions informelles dont nous ne tiendrons pas compte ici).
La majorité des pays dans le monde sont des républiques. Attention : une République n’est pas forcément une démocratie.

Qui exerce le pouvoir dans la société ?

Démocratie : une notion bien connue aujourd’hui qui se fonde sur le terme grec de démos (le peuple) et cratos (le pouvoir). Le pouvoir appartient donc au peuple qui peut en faire usage d’une manière plus ou moins élargie selon le pays.
Démocratie représentative : modèle qui concerne la quasi-totalité des démocraties existantes dans le monde. Le peuple élit par l’intermédiaire d’élections des représentants qui devront siéger dans un parlement afin de débattre de projets de loi proposés par eux, ou par le gouvernement en place.
Démocratie semi-directe : en plus des représentants élus par le peuple, ce dernier peut s’exprimer ponctuellement sur un sujet, notamment par le biais d’un référendum que le gouvernement adresse à la population afin qu’elle se positionne sur un projet de loi.
Démocratie libérale : cette fois-ci, le terme ne convient pas à toutes les démocraties du monde. La démocratie libérale se caractérise par un système garantissant les libertés individuelles (la liberté d’expression, d’association, de déplacement ou encore de publication pour ne citer qu’elles), un choix dans les différentes propositions politiques (pas d’obligation de voter pour un unique parti), mais se caractérise aussi par le suffrage universel (tous les citoyens majeurs peuvent voter) et le respect de la séparation des pouvoirs judiciaires, législatifs et exécutifs.
Le terme a été initialement conçu par le bloc occidental pendant la guerre froide (1947-1991, entre les Etats-Unis et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques) pour se démarquer des démocraties populaires.
Démocratie populaire : le terme a été utilisé par les régimes communistes de la guerre froide pour se démarquer des démocraties dites “bourgeoises”, et devaient mener à l’organisation d’une société sans classe sociale. Factuellement, les démocraties populaires empêchent la constitution d’une opposition au pouvoir en partis politiques, n’organisent pas des élections libres (restriction des libertés individuelles) et truquent ces dernières, qui d’ailleurs ne permettent pas de contrôler les dirigeants de l’Etat.

Autocratie : le pouvoir est concentré dans les mains d’une seule personne, et peut dans certains cas laisser un semblant de contrôle par le peuple par le biais de création de comités, d’assemblée, même si dans tous les cas la décision finale lui revient.
Absolutisme : le terme est utilisé pour la première fois pour décrire l’exercice du pouvoir par le roi de France, Louis XIV (roi de 1643 à 1715). Ici, le souverain n’est limité par aucun texte ou constitution et use de son pouvoir sans limite réelle. Les pouvoirs judiciaires, exécutifs et législatifs ne sont pas séparés et sont occupés par le roi. (Dans les faits, un souverain n’a jamais eu un pouvoir absolu et total, car il finit par être limité par d’autres instances politiques ou judiciaires. Mais cela n’empêche pas qu’il possédait un pouvoir d’action absolument considérable.)
Dictature : voici la définition très claire de l’Encyclopédie Universalis à laquelle rien n’a besoin d’être ajouté. “La dictature est un régime politique autoritaire, établi et maintenu par la violence, à caractère exceptionnel et illégitime. Elle surgit dans des crises sociales très graves, où elle sert soit à précipiter l’évolution en cours (dictatures révolutionnaires), soit à l’empêcher ou à la freiner (dictatures conservatrices).”.
On note quelques régimes tels que celui-ci comme l’Etat Espagnol dirigé par le dictateur Franco (de 1939 à 1977) ou la République du Chili sous le dictateur Pinochet (de 1973 à 1990).
Totalitarisme : la notion de totalitarisme va plus loin que celle de dictature. Une société totalitaire voue un véritable culte au chef de l’État, au parti unique et à la nation. Un ennemi commun est désigné afin de tenir la population à l’écart des problèmes internes au pays. Le peuple doit se ranger dans un bloc uniforme derrière l’Etat, et prend conscience de ce qu’il doit faire à travers une propagande médiatique de masse qui mobilise l’intégralité des supports de communication (télévisions, radios, journaux, affiches…). L’Etat totalitaire met en place une série de symboles, de rites et de croyances afin d’illustrer son monumentalisme. Ce terme ne peut désigner que des pays à partir du XXe siècle.
Nous retrouvons ainsi l’Allemagne nazie d’Adolf Hitler (1933-1945), l’Italie fasciste de Benito Mussolini (1922-1943) ou encore l’URSS de Staline (de 1922 à 1953, mais la différence est que le régime ne s’écroule pas après sa mort).

Anarchie : il est d’abord nécessaire de détruire l’image erronée de la définition d’anarchisme, qui est souvent confondue avec celle d’anomie, qui désigne l’absence totale de règles dans une communauté humaine. L’anarchisme est avant tout une forme d’organisation politique qui se base sur l’absence d’Etat pour gérer la société au travers de différents moyens eux-mêmes basés sur l’auto-gestion des groupes sociaux.
Démocratie directe : même si la démocratie directe peut exister au sein d’un Etat, elle est aujourd’hui la lance de fer prépondérante de l’anarchisme. Ce terme désigne le fait que la population utilise son pouvoir législatif en votant par elle-même, et ce quelle que soit la situation. Ainsi, le pouvoir n’est plus délégué à des représentants comme cela est fait dans la démocratie représentative.
Quelques exemples de sociétés sans Etat : l’été anarchiste de 1936 en Espagne, après le début de la guerre civile espagnole ou encore l’Ukraine anarchiste (1918-1921).

Voici un petit tableau synthétisant des courants qui ne peuvent pas être pleinement développés ici :

  • Visualisez votre système politique en construisant un schéma

    Les schémas sont extrêmement essentiels pour se repérer dans votre régime politique. Ils vous permettent ainsi de mieux visualiser les acteurs de l’organisation de votre société. N’hésitez pas à lier vos blocs avec des flèches pour expliquer de quelle façon tel acteur agît sur tel acteur.

  • Restez cohérent avec l’univers général de votre histoire

    Votre système politique doit rester en cohérence avec vos intentions. Si par exemple votre souhait est d’avoir une société où chacun puisse s’exprimer sans limite, pourquoi ne pas opter pour un régime où chaque membre de la communauté possède un droit d’expression et un poids équitable dans les discussions ? Au contraire, peut-être que vous souhaitez un futur dirigeant qui manipule les masses à sa guise afin d’atteindre le pouvoir ? Il y a mille et une façons de réinventer des systèmes à votre guise. Le tout est de ne pas finir à côté de la plaque, par exemple en tentant de mettre en place une forme de démocratie directe alors que votre royaume est censé être tyrannique et dirigé par un roi omnipotent.

  • Débarrassez-vous de certains préjugés et/ou stéréotypes qu’il est possible d’avoir dans nos sociétés contemporaines

    Malgré le fait que cet article n’est pas prévu pour que nous rentrions trop dans le détail de conseil, il est très fortement conseillé de se défaire (pour vos histoires, au moins), d’idées que l’on peut avoir en tant que citoyen d’une société à l’organisation politique complexe. Par exemple, des noms de la Grèce antique comme Platon pensaient que le régime politique idéal est celui d’une monarchie où le souverain est également philosophe. Pourtant, il n’y a pas d’élections en vue. Pourquoi ne pas incorporer cela dans votre récit ? Comme beaucoup vous le rappellent, vous êtes maître de votre histoire, ne l’oubliez pas. L’exercice d’imagination est également une véritable façon de prendre du recul sur nos sociétés, et de pouvoir penser autre chose pour vos histoires fictives.

  • Ne sous-estimez pas l’impact d’un régime politique

    En principe, un régime politique est censé régir une société tout entière. Juste, imaginez une seconde que votre système s’écroule, et imaginez ensuite les répercussions massives que cela pourrait avoir sur vos personnages, mais aussi sur la société tout entière. À force de le développer, le système politique devient une pièce maîtresse dans le déroulé de vos éléments perturbateurs. Tirez-en partie pour approfondir vos histoires.

Vous l’aurez compris, s’intéresser à la mise en place voire à l’élaboration complète d’une organisation politique dans votre société imaginaire peut vite devenir quelque chose de complexe, tant les courants de régimes politiques existent. À travers les définitions initiales, la présentation en détails des systèmes existants et le don de quelques conseils, le but est de vous donner des clés pour incorporer des éléments politiques dans votre monde. Le plus amusant est qu’une fois que ceci est fait, l’organisation politique devient un vrai terreau fertile pour faire émerger de nouveaux personnages, en faire tomber certains, ou encore faire évoluer votre ou vos protagonistes.

Si vous avez aimé cet article et que vous entreprenez de construire votre système sociétal, en voici un autre rédigé par la rédaction qui est susceptible de vous plaire :

A retenir !

→ Régime politique = désigne le mode d’organisation des pouvoirs publics : mode de désignation, compétences, définition des rapports entre les différents pouvoirs.

Plusieurs découpages des régimes politiques :

- État unitaire : administration centralisée, peu d’autonomie des régions.
- État fédéral : administration centrale qui travaille étroitement avec des gouvernements régionaux
- Confédération : union d’États pour des objectifs communs, délèguent des responsabilités à une organisation supranationale
- Monarchie héréditaire : transmission du pouvoir au sein de la famille royale
- République : Le chef d’État n’est pas désigné de manière héréditaire
- Démocratie : Le pouvoir appartient au peuple, et peu élire des représentants, voter à côté des projets de loi. Peut élire librement son dirigeant ou non en fonction des pays.
- Autocratie : Pouvoir concentré aux mains d’une seule personne. Peut même employer la violence afin de maintenir son pouvoir, jusqu’à même constituer une société qui glorifie le dirigeant et les symboles de l’État.
- Anarchie : Organisation d’une société sans État, par exemple via la prise de décision sans l’intermédiaire de représentants.

Conseils importants :
- Visualisez votre système politique en construisant un schéma
- Restez cohérent avec l’univers général de votre histoire
- Débarrassez-vous de certains préjugés et/ou stéréotypes qu’il est possible d’avoir dans nos sociétés contemporaines
- Ne sous-estimez pas l’impact d’un régime politique

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